Présentéisme, Perfectionnisme et Egocentrisme

Je vais être choquante : je sais, et c’est voulu, car cela aide aux prises de conscience…désagréable mais salvateur !

De nombreuses personnes que j’accompagne sont des « Talents » ou « Hauts Potentiels », ce mot me fait sourire car pour moi tout le monde possède des talents, et donc tout le monde est un « Talent » de quelque chose….mis à part que certaines (....hmm...beaucoup de ) personnes ne sont pas dans leur zone de génie. (voir citation de ce cher Albert).

La plupart de ces « Talents » ont été détectés ainsi souvent sur un «critère » qui est finalement pernicieux : ils travaillent énormément et sont très engagés. Ils travaillent plus tard que les autres et rendent un travail impeccable, sont fiables sur les délais et la qualité. Ce sont en fait des perfectionnistes qui font souvent aussi du "présentéisme" (au bureau et à la maison).

(Je vous rassure je vois aussi dans le lot certains réels « Talents » repérés pour leur posture très mature, leur confiance en eux et en les autres, leurs approches innovantes, leurs qualités humaines et managériales….heureusement….mais par expérience, je dirais qu’en moyenne, la moitié d’entre eux seulement sont dans ce cas (quand ce n’est pas le quart….), donc comme pour la nomination des managers, il semble y avoir dans la plupart des organisations encore une marge de progression sur les critères de détection des « Talents » et des « Managers »). Parenthèse refermée.

Le perfectionniste est fiable en termes de délai et qualité et cela est effectivement hautement appréciable et très utile à sa hiérarchie et tous ses interlocuteurs. Mais le perfectionniste est la plupart du temps un grand égocentrique inconscient (et oui c’est là que je choque, je vous avais prévenu(e)s…) : si il/elle travaille aussi fort, c’est soit pour ne pas se décevoir lui-même car il a une grande exigence personnelle (ce qui le/la rend malheureusement très auto insatisfait(e)), soit (ou plutôt en même temps) pour être apprécié(e) des autres….car c’est cela le vrai moteur inconscient : « j’exécute un travail parfait….pour être aimé(e) de ma hiérarchie, de mes collègues,, de mes clients….».

Ce désir d’être aimé pour ce qu’ils FONT plutôt que pour ce qu’ils SONT, les a parfois poussés à faire de mauvais choix, ils font souvent ce qu’ils croient qu’on attend d’eux au lieu de faire ce qui leur plairait profondément ou ce qui est réellement utile ou attendu. Ils sont prisonniers de leur propre image qu’ils n’osent plus « retoucher ». Ce sont des candidats idéaux pour le burn out car leur soif de reconnaissance va les emmener très loin dans la spirale de « j’en fais plus pour obtenir plus » (d’amour, de reconnaissance, d’argent…).

Si les perfectionnistes qui ont commencé cet article sont toujours là…j’ai envie de vous dire « ce qui vous a fait réussir jusque là pourrait vous faire échouer maintenant », et voilà quelques conseils concrets ; utilisez votre envie de bien faire pour mettre votre énergie dans la concrétisation des objectifs suivants :

• classer les missions, réunions, toute demande qui « entre » : en 3 niveaux de priorité A, B, C (et certaines demandes de votre boss se classent en niveau C….et oui !)

• devenir plus productifs (faire plus de choses en moins de temps en utilisant le time boxing)

• travailler son impact à l‘oral et à l’écrit en développant votre esprit de synthèse (talk less, say more !)

• devenir expert en facilitation d’intelligence collective (une personne ne peut pas être parfaite, une équipe peut l’être)

• devenir un professionnel de l’écoute, de l’observation, du questionnement et de la reformulation

• devenir un coach en « excellence opérationnelle » pour vos collaborateurs en clarifiant les niveaux de qualité requis et en transmettant vos propres pratiques

• sortir plus souvent de votre zone de confort pour développer votre « agilité »

• travailler votre lâcher-prise, en utilisant régulièrement le « et alors ? »

Et surtout, réfléchissez à qui vous voulez ETRE comme sorte de Collaborateur, Manager, Leader, Mère ou Père, Femme ou Mari, Pote…Très concrètement, faites une liste des adjectifs de votre « idéal du moi » dans ces différents compartiments de votre vie….et passez ensuite cette liste au crible de vos comportements quotidiens régulièrement….

Il se peut que vous découvriez que perfectionnisme et bienveillance (pour soi et pour les autres) ne font pas bon ménage….

NB : je suis une perfectionniste repentie, donc une ex-emmerdeuse ! ;-))